Archive : Le tableau Automne d’Eugène Plasky

Une archive à la loupe

Il y a exactement 100 ans, la commune faisait l’acquisition d’un tableau représentant un coin de la vallée Josaphat aux couleurs de l’automne. Voici l’histoire de cette œuvre et de son auteur, Eugène Plasky.

Un peintre méconnu

Pour beaucoup de Schaerbeekois, le nom de Plasky évoque une avenue et un square. Eugène Plasky fut un peintre de mérite mais a été quasiment oublié et on en sait peu de choses, hélas.

Eugène Plasky est né à Bruxelles en 1851. Elève d’Antoine Wiertz, il se spécialise dans le paysage. Il installe son atelier à Schaerbeek au n°411 de la rue du Progrès.

Il présente ses œuvres dans différentes expositions internationales qui lui valent quelques récompenses : Londres en 1884, Nouvelle-Orléans en 1885, Melbourne en 1888, Chicago en 1893, etc.

Il meurt à Schaerbeek à l’âge de 53 ans en 1905. En 1909, la commune lui rend hommage en attribuant son nom à une de ses artères.

Madame veuve Plasky, une femme de lettre moderne

Elisabeth Van de Vyvere (1865-1944), femme de lettre très cultivée, épouse Eugène Plasky en 1883. Ils auront cinq enfants.

Elle écrit plusieurs poèmes, comédies et articles de périodiques sous le pseudonyme de Stella. Elle est également très engagée dans les questions sociales, notamment les conditions de travail des ouvriers, qu’elle défend dans plusieurs publications.

En 1901, elle est nommée inspectrice du travail et devient ainsi la première femme à occuper une telle fonction en Belgique. Après la mort de son mari, elle s’implique également dans la protection de l’enfance et la lutte contre l’alcoolisme.

Il y a 100 ans, la commune acquiert Automne

C’est à Elisabeth Plasky que la commune doit l’acquisition de ce tableau, Automne, un des derniers réalisés par feu son mari et qui représente un des endroits emblématiques de la commune, la vallée Josaphat. En 1907, elle sollicite une première fois l’achat de ce tableau. Pour des raisons inconnues, sa demande reste sans suite. 

Dix ans plus tard, le tableau fait partie de l’exposition rétrospective « Pour le plus grand Schaerbeek » présentant des œuvres d’artistes schaerbeekois. Madame veuve Plasky profite de l’occasion pour solliciter à nouveau l’acquisition du tableau Automne.

La commission des Beaux-arts

A cette époque-là, et ce depuis la création du Musée communal de Schaerbeek en 1892, chaque tableau ou sculpture doit passer par un examen attentif de la commission des Beaux-arts de Schaerbeek qui se prononce favorablement ou non pour l’acquisition de l’œuvre. Cette commission est composée alors de différents conseillers communaux et artistes. En 1917, on compte, entre autres, parmi ses membres, les peintres Herman Richir, Léon Frédéric et Privat Livemont, le sculpteur Godefroid Devreese et également l’architecte de l’hôtel communal, alors en pleine reconstruction, Maurice Van Ysendyck.

2000 francs

La commission accepte d’acquérir l’œuvre au prix de 2000 francs, c’est-à-dire moins que le prix demandé par Madame veuve Plasky qui était de 3500 francs. Mais les temps troublés par la guerre imposent de faire certaines concessions comme en témoigne la lettre de remerciement adressée par Madame veuve Plasky datée du 17 septembre 1917 que nous vous présentons ici.

Retranscription complète

À Messieurs les Bourgmestres et Échevins de la Commune de Schaerbeek,

Messieurs,
J’ai l’honneur de vous accuser réception de votre lettre du 15 courant et de vous faire connaître que j’accepte le prix de deux mille francs fixés par le Conseil communal pour l’achat du tableau « Automne » de feu mon mari.
Ainsi que j’ai eu l’avantage de vous le dire, ce prix est sensiblement inférieur à la valeur de l’œuvre ; mais outre que les circonstances actuelles m’obligent à réaliser cette toile, j’estime que son acquisition pour notre Musée des Beaux-arts est un hommage rendu au talent de l’artiste et je me fais un devoir d’apprécier cet honneur comme il convient.
D’autre part, je tiens à vous dire, Messieurs, combien je suis sensible à la bienveillance personnelle que vous m’avez témoignée en cette occasion ; je vous en suis reconnaissante et vous prie d’agréer en même temps que mes remerciements sincères les expressions de mes sentiments de considération parfaite.

E. Plasky